A l’occasion de la Romanian Jewelry Week 2023, j’ai été interviewé sur mon travail, le monde de la bijouterie contemporaine et bien plus encore.
C’est le moment de me dévoiler, face à vous. Retrouvez ce jeu de questions/réponses ici dans sa version française.
Qui se cache derrière Céline Poudroux Création ?
Céline Poudroux, designer et artisan d’art.
Que voulais-tu faire quand tu étais enfant ?
“Quand j’étais enfant, je voulais devenir soit archéologue comme Indiana Jones ou Lara Croft, soit l’un des lutins du Père Noël. Imaginer des personnes capables de créer des objets qui apportent du bonheur ajoutait de la magie à une période déjà enchanteresse. En tant qu’adulte, j’ai transformé ce rêve en réalité.”
Quand avez-vous commencé à créer des bijoux ? Comment est née cette passion ?
“Pour être honnête, je me suis véritablement intéressée à la fabrication de bijoux il y a trois ans. De formation, je suis architecte et designer, et j’ai travaillé dans ce domaine pendant plusieurs années. Je me suis ensuite orientée vers le design textile, en créant des sculptures en tissu et des bustes d’animaux. En poursuivant cette passion, je me suis plongée dans le design de mode, la teinture naturelle et je me suis finalement aventurée dans la fabrication d’accessoires comme les lunettes et les bijoux. C’est ainsi que j’ai commencé mon parcours dans la fabrication de bijoux, et je dois avouer que c’est devenu rapidement une véritable passion . Chaque jour est une nouvelle journée de découverte. Ce métier offre tellement de possibilités pour la créativité et l’expérimentation ; c’est vraiment fascinant.
Ce qui m’amine le plus dans mon travail, c’est la transformation des matériaux. Partir d’un élément brut et le transformer en quelque chose de complètement différent, être capable de sculpter des objets et jouer avec différents matériaux et textures. La bijouterie me permet de concevoir mes créations comme des sculptures à porter.”
Quel a été votre premier projet ou pièce significative pour vous ? Pourquoi?
“La manchette “L’Envolée Milanaise” est le bijou dont je suis le plus fière. Ce fut pour moi un véritable défi. Je l’ai créée pour l’exposition Milano Jewelry Week 2022, qui marquait ma première participation à une exposition internationale. Exposer aux côtés d’une sélection de talentueux bijoutiers avec de nombreuses années d’expérience était, à mes yeux, inimaginable. J’étais déterminée à créer un bijou qui ferait appel à toutes les compétences que j’avais acquises dans le domaine de la bijouterie jusqu’à présent. Je travaille avec des techniques de forgeage à la main (bijouterie à la cheville) et je n’utilise pas d’impression 3D ni de fonte à la cire perdue. Par conséquent, j’ai entièrement forgé cette pièce à la main, et je l’ai réalisée en quelques jours seulement en raison de contraintes d’emploi du temps. Outre ses 100 grammes d’argent, deux éléments en font un chef-d’œuvre. Premièrement, le défi technique consistait à forger une surface aussi grande. L’argent est sensible à la surchauffe, mais il nécessite une chaleur intense sur l’ensemble de la pièce pour être travaillé. Le deuxième élément est l’approche que j’ai adopté pour ce projet. Je ne suis pas partie de l’idée de créer une manchette, mais plutôt une sculpture. Je voulais que cette pièce soit minimaliste dans ses lignes mais aussi poétique. En réalité, cet oiseau me représente. À partir de ce moment, j’ai pris mon envol dans le monde de la bijouterie. J’ai osé montrer mon travail et me révéler à travers lui, et je suis ravie d’être exposée aux côtés de tous ces talentueux bijoutiers que je respecte et que j’admire profondément.”
Comment rechargez-vous vos batteries ? Quelles autres passions et intérêts créatifs avez-vous ?
“J’adore découvrir de nouvelles choses ; je suis naturellement curieuse. En ce moment, j’explore les joies du crochet, je m’entraine à réaliser des granny squares pour les jours de pluie, de grisaille et de froid à venir. Durant les jours ensoleillés, j’aime faire du géocaching. C’est une sorte de chasse au trésor, et c’est vraiment amusant de découvrir de nouveaux endroits de manière interactive.”
Que signifie pour vous le lien entre la tradition artisanale et le design contemporain ?
“Dans un monde où beaucoup d’entre nous cherchent à trouver un sens dans ce qu’ils font, consomment et produisent, l’artisanat est une réponse. L’artisanat est le produit de compétences et d’une manière d’être. Il crée un lien fort entre l’artisan et son client, entre son art et le public, entre les époques qui ont vu naître la technique et le monde contemporain qui embrasse ses résultats. Il permet également de donner un souffle nouveau et original à l’art et à la création contemporaine. À mes yeux, rien ne peut remplacer la main de l’Homme. C’est ce qui donne une âme à l’objet, cette imperfection humaine qui se reflète en nous et dans notre environnement.”
Y a-t-il une pièce autoportrait qui parle le plus de vous ?
“J’ai toujours eu une grande affinité pour les textiles. Cependant, lorsque j’ai commencé à fabriquer des bijoux, je travaillais exclusivement avec les métaux. Très tôt, j’ai eu le désir de combiner différents matériaux, les mettant au service des autres, au même titre que mes compétences techniques. Initialement, les bijoux faisaient partie intégrante de mes bustes, ils les complétaient. Venant du monde de la sculpture textile, j’ai toujours eu un lien avec les fibres naturelles. Aujourd’hui, et notamment dans la collection que je présente à la Romanian Jewelry Week, je mélange deux univers créatifs qui me tiennent à cœur, tout en conservant la même passion pour la transformation des matières, quelle que soit leur nature.”
Quel matériau n’avez-vous pas encore utilisé qui soit une tentation et un défi pour vous ?
“Je suis curieuse de connaître les émaux. Pouvoir ajouter de la couleur au métal attire mon attention. Cela doit être fascinant de jouer avec les couleurs, de créer des dégradés et de découvrir le résultat final à la sortie du four. J’ai aussi très envie d’essayer la patine, autre que simplement l’oxydation de l’argent. Je pense que la couleur sur les métaux sera la prochaine étape de mon parcours créatif.”
Comment s’est passée la période de la pandémie pour vous en tant que créatrice de bijoux ?
“La pandémie, aussi tragique et effrayante qu’elle a pu être, a été vraiment bénéfique pour mon travail actuel. En effet, j’ai commencé à me former à la bijouterie durant cette période. Je n’ai pas vu le temps passer. Tout le monde devait faire face à la pandémie et se réinventer. Par conséquent, tout se déroulait sur internet. Ce fut une aubaine pour mon apprentissage. J’ai pu me former avec des bijoutiers à l’autre bout du monde et lorsque l’occasion s’est présentée, j’ai participé à des ateliers avec des bijoutiers contemporains qui vivaient non loin de chez moi. C’était un mélange d’expériences locales et internationales. ”
Comment envisagez vous l’avenir de la bijouterie contemporaine ?
“Dans le domaine de la bijouterie, où tout est possible, les nouvelles technologies vont apporter une touche de nouveauté. Associer le nouveau à l’ancien permet déjà d’enrichir la créativité. Je crois qu’il y aura de l’audace et une touche d’avant-garde. Un véritable terrain de jeu pour tous les créatifs.”
Si vous préférez découvrir l’article original rendez-vous ici : https://www.romanianjewelryweek.com/interviews/spot-the-designer-cline-poudroux-france
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