Le bijou fantaisie est-il synonyme de toc/ bas de gamme, de piètre qualité venant de contrée lointaine.. ?

De nos jours, le bijou fantaisie n’a pas bonne presse.On le suppose de mauvaise qualité, bon marché, fabriqué de façon industrielle et surtout fabriqué en Chine ne respectant aucune norme.

Pourtant cet adjectif « fantaisie » permet ni plus ni moins de différencier le bijou dit « classique ». Un bijou classique est composé de métaux précieux ( on en dénombre 3 : or, argent ou platine ).

Les bijoux composées d’autres matériaux seront qualifiés de bijoux fantaisie ( cuivre, bronze, laiton ,maillechort ,perles, bois, verres …) Et oui !

Pourtant le bijoutier-créateur aura les mêmes gestes, les mêmes techniques sur du cuivre que sur de l’argent. Seul le support change.

Prenons comme exemple la maison Gripoix. (https://gripoixparis.com/) Spécialiste des bijoux en pâte de verre. Cette Maison célèbre a participé à de nombreuses reprises, à créer des bijoux pour de grandes maisons de Haute Couture telle que Chanel ou YSL . Et vous savez quoi ? Leurs bijoux qui sont de véritables chefs d’oeuvres sont ….des bijoux FANTAISIE .

bijoux fantaisie gripoix
Bijou fantaisie Gripoix

 

Et savez vous également que le bijou fantaisie a une place très très importante dans le monde la bijouterie. Qu’elle a révolutionné à elle seule la bijouterie qu’on connait aujourd’hui . Vous voulez en savoir plus ?

Retour sur l’histoire des bijoux fantaisie.

Les premiers bijoux remontent aussi loin que la présence de l’Homme. ( cf un article complet sur l’histoire du bijou :https://www.celinepoudrouxcreation.com/bijou-de-la-prehistoire-a-l-antiquite/ )

Le bijou fantaisie est quant à lui , beaucoup plus récent.

Comme nous l’avons expliqué plus haut, le bijou fantaisie est un ornement « non précieux » . ( = qui n’est pas composé d’or, d’argent ou de platine ). Pourquoi fabriqué un bijou non précieux ?

Vous vous souvenez de cette période en France, où il ne faisait pas bon d’être noble ? Cette période où plusieurs perdaient la tête ? Et oui je parle de la Révolution Française !

Cette période et les années qui ont suivies ont été cruciales pour la bijouterie.

En résumé, les bijoux précieux étaient destinés à une certaine élite, aux nobles. Les nobles tombaient comme des mouches sur l’échafaud . Mr et Mme Toutlemonde ne pouvaient pas se payer de bijoux précieux, même les plus bourgeois.

Le point de départ de l’évolution du bijou est le désir d’une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie. Cette dernière veut s’affirmer à travers un vestiaire bien spécifique et des ornements non précieux qui s’inspirent des modèles de la joaillerie. C’est cette demande sociale qui est à l’origine de la recherche incessante, par les hommes de l’art, de techniques et de matériaux nouveaux ; de créer des parures semblables par leur aspect aux bijoux en or ou en pierres précieuses , mais moins couteux puisque fabriqués à partir de matériaux plus modestes.

Voila la bijouterie fantaisie prend ses bases ici au XVIII et continuera à évoluer jusqu’à nos jours.

Elle est à l’origine des innovations les plus importantes pour l’ornement non précieux en commençant par les matériaux fondateurs ( métaux et pierres) avant d’évoquer celles qui ont favorisé l’essor de la production mécanisée .

Les astuces créées par la bijouterie fantaisie ou les inventions de la bijouterie fantaisie:

Les bourgeois veulent se montrer, se recevoir, veulent s’affirmer. Ils veulent des bijoux qui ressemblent à s’y méprendre à de la joaillerie, mais n’ont pas les moyens de se l’offrir. Que faire ?

Comment imiter l’or et l’argent ???

Autrefois, surtout au XVIII ème siècle pour imiter l’or, on pratiquait la dorure au mercure. Cette technique était très efficace mais ô combien toxique.

C’est vers 1720, qu’on inventa un métal ou plutôt un alliage métallique imitant l’or à merveille. Il s’agit du laiton. Le laiton devient le faux or, appelé également le « petit or ».

Vers 1830, Un nouveau procédé de dorure voit le jour : le bain galvanique ( dans une solution aqueuse sont immergés 2 pôles négatif/positif reliés à un courant électrique continu. Sur un des pôle est fixée une électrode en or ou en argent pour soit dorer ou pour argenter  )

Pour imiter l’argent soit on passe par le bain, soit avec de nouveaux métaux : maillechort ou le zamak .

Comment imiter les pierres précieuse ???

Si je vous dis strass ? Et bien oui , pour imiter les diamants, les pierres de couleur précieuses ou fines, on employait du verre coloré. Cette technique de filou remonte déjà à L’Antiquité.

Certes à cette époque, l’emploi du verre ne peut imiter l’éclat d’un diamant . Mais à partir de la moitié de XVII ème, on voit apparaitre le cristal ( = verre + plomb ). Le cristal de verre taillé fait l’illusion parfaite au premier coup d’oeil . ( Bon après ça ne remplacera jamais une vraie pierre, par le poids, la dureté et la capacité de réfraction)

Cette formule de verre au plomb parvient jusqu’à Turnau ( République Tchèque ), petite ville de Bohème renommée pour l’habilité des artisans dans la taille de pierres précieuses.

Un joaillier Strasbourgeois, y fait d’ailleurs son apprentissage et décide de s’intéresser au facettage des cristaux de verre au plomb . Savez vous comment il s’appelle ???? Georges Frédéric Strass. Et oui c’est ce petit bonhomme qui laissa son nom aux fameux petits cailloux de verre.

Bon après il s’installe à paris en 1730, où il reçoit 4 ans plus tard le titre de joaillier du roi.

Dans la seconde moitié du XVIII ème siècle , les artisans de la Bohème se consacrent massivement à la fabrication de pierres d’imitation, donnant naissance à ce qui va devenir une véritable industrie locale , encore très active de nos jours. Ces fausses pierres étaient et sont encore de 2 sortes :

– passantes : c’est à dire percées afin d’être enfilées ( = perles )

-pleines : non percées, destinées à être serties.

Comment imiter des vraies perles ???

Il y a une rivalité entre Venise et la Bohème en matière du travail du verre.

Mais c’est à Venise que sont produites les premières imitations de perles dites d’imitation. C’est grâce à l’invention du verre soufflé, qui permet d’obtenir une forme creuse.

En 1686, à Paris est repris cette technique par un fabricant de chapelets qui l’adapte en recouvrant les perles d’une substance nacrée, dite « essence d’orient » qu’il obtient en broyant des écailles de poisson mixées à d’autres ingrédients.

Les premières sont fragiles, alors on utilise par la suite des billes d’albâtre . Quant à elles , sont trop lourdes. Est utilisé alors du verre opalin, auquel on donne une teinte nacrée à l’extérieur.

En 1767 se constitue en France la corporation des Bijoutiers Faussetiers dont l’activité consiste à fabriquer, à partir de pierres et de métaux non précieux des copies de bijoux authentiques égalant presque les originaux par la qualité d’exécution.

Leurs ouvrages rencontraient un tel succès auprès des femmes de la bourgeoisie qu’une production florissante voit ainsi le jour de bijoux d’imitation, d’une extrême précision. C’est pour cette raison qu’ils sont appelés « bijoux d’imitation », précurseurs des bijoux fantaisie modernes.

Voila vous savez tout sur le bijou fantaisie. Il peut être travaillé artisanalement comme un bijou de joaillerie, empruntant  à la perfection les gestes du joaillier, imitant les métaux dits précieux . Il est aussi précurseur dans les techniques modernes et ne se contente pas du modèle classique de la bijouterie de par ses matériaux.

Dans les années 1950, une certaine Coco Chanel a « inventé » le terme Bijouterie Haute Fantaisie afin de désigner ces fameux bijoux fantaisie réalisés par des maitres d’art.

Et CelinePoudrouxCreation est fière de promouvoir ainsi, la bijouterie Haute Fantaisie à travers ses créations artisanales.

bijou fantaisie
Collier en bronze doré et pendants en cristal de roche façon cailloux, créé pour Yves Saint Laurent, années 1980, par Robert Goossens

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